Jeudi 6 novembre avait lieu en Mairie la réunion de restitution de la concertation sur la création d’une aire piétonne à Montmartre ; une réunion forcément houleuse, tant le sujet échauffe les esprits depuis plusieurs mois.
Après un bref rappel du calendrier ainsi que l’objectif initial du projet, Eric Lejoindre, maire de l’arrondissement, a révélé les résultats de cette concertation, tout en précisant qu’aucune décision définitive ne pourrait être prise en raison du calendrier électoral. Rappelons que suite à la présentation en mai 2024 d’un nouveau plan de circulation et la suppression de 300 places de stationnement sur le haut de la Butte fin 2024, de nombreux riverains se sont réunis en association pour s’opposer au projet, amenant la mairie à créer des groupes de travail et surtout à engager une concertation publique cet été, objet de cette restitution.
Ce qu’il faut retenir :
816 contributions ont été enregistrées, 59 à la suite de l’atelier participatif du 10 juillet, et 757 au sein du registre d’expression présent à la mairie du 18e, réparties comme telles :
> 546 contre le projet (dont 114 uniques et 432 identiques demandant la création d’une ZTL (zone à trafic limité)
> 215 en faveur du projet (dont 105 uniques et 110 identiques)
> 36 avec d’autres propositions alternatives
> 19 sans lien avec le projet
Plus de 70% des contributeurs ont donc exprimé leur désaccord avec le projet.
Au delà des chiffres, il est quand même intéressant de constater que globalement, ce n’est pas la piétonnisation en soi qui fait débat, mais plutôt les craintes liées aux effets engendrés par le projet (risque de privatisation de l’espace public par les commerces, développement des terrasses, vendeurs à la sauvette, guides non régulés, fermetures de rue entraînant des détours polluants), la suppression du stationnement résidentiel entraînant des difficultés pour les familles, les personnes âgées et les professionnels, et surtout l’impact du tourisme (nuisances sonores, production de déchets, occupation de l’espace public, et circulation excessive de véhicules type 2CV, side-cars, tuks-tuks, etc…).
À la proposition de création d’une zone trafic limité, il a clairement été répondu que ce n’était en rien compatible avec une zone piétonne. Néanmoins, les contributions des habitants seront prise en compte dans la poursuite des études sur le périmètre de l’air piétonne, tout comme la poursuite des échanges avec l’architecte des bâtiments de France avec évaluation puis instruction des autorisations d’urbanisme. À noter que compte-tenu des délais réglementaires et du calendrier électoral, la mise en œuvre ne pourra se faire qu’après mars 2026.
« Je pense que l’âme de Montmartre ne se résume pas à la présence de voitures dans le quartier, et que la végétalisation de l’espace public est un enjeu pour la ville de demain. » Eric Lejoindre
On l’aura compris, les élus comptent bien mener leur projet à terme, tout en tenant malgré tout compte des doléances des riverains. Force est d’ailleurs de constater qu’à l’issue des groupes de travail mis en place depuis janvier, un certain nombre de propositions faites par les associations ont déjà été prises en compte, comme la sortie de certaines impasses au Nord de la Butte du périmètre de l’aire piétonne, la réouverture de la rue Tourlaque ou l’abandon de la mise en sens unique du Pont Caulaincourt.
Après une séance de questions/réponses particulièrement mouvementée, Antoine Dupont, adjoint chargé des mobilités, de la voirie et de la transformation de l’espace public, a été très clair : « A la vue des contributions, il y a une forte réticence à la mise en place d’une aire piétonne telle qu’elle est proposée, ce qui nécessite de fait un travail complémentaire de concertation et d’échange. En état, nous ne sommes pas sur un projet qui satisfasse pleinement la démocratie partagée, et il y a donc nécessité de retravailler le projet. (…) Il n’y aura donc pas de mise en oeuvre effective du projet d’ici la fin du mandat. »
Quant à la demande des habitants de supprimer immédiatement des panneaux de signalisation « matérialisant » une aire piétonne sur le haut de la Butte qui, de fait, n’existe pas, l’adjoint a pris comme engagement de revenir dans le cadre du conseil de quartier du 3 décembre prochain avec des réponses concrètes, notamment sur le maintien du stationnement ou sa suppression et sur une méthode avec un format proposé pour continuer le dialogue autour de l’aire piétonne.